Les romains l’appellent le café Canova et tous connaissent les statues visibles des grandes verrières du museo Atelier Canova- Tadolini, donnant sur via del babuino.

Nombreux sont qui pensent que c’est ici qu’Antonio Canova, artiste néoclassique que toutes les cours en Europe se disputaient, travaillait. Je vous livre quelques secrets au sujet de ce lieu de prestige, dans cet article écrit pour le petit journal de Rome.

En réalité, le maître, arrivé à Rome en 1779, avait son atelier, non loin du lieu qui nous intéresse, plus précisément à via delle Colonnette 27. Vous ne pourrez pas le manquer, sa façade est constellée de fragments de statues antiques et du buste du sculpteur. 

Il faut l’imaginer créer la sublime Pauline Borghèse et l’Amour et Psyché, qui inspirera de nombreux artistes pendant tout le XIXe siècle.

En janvier 1818, Canova signait le contrat de location d’un autre atelier en faveur de son élève favori, Adam Tadolini. Le lieu était parfait, proche de la place d’Espagne, alors peuplée d’artistes.

L’artiste instaura une collaboration de travail avec Adam, le considérant le meilleur de ses élèves, si ce n’est son unique héritier spirituel, en lui confiant la reproduction de ses œuvres. Ce dernier ne vous dit peut-être rien, mais vous serez sûrement déjà passé sous une de ses œuvres, celle de St Paul sur la place St Pierre, devant la basilique du Vatican.

Dans ce café-musée, ne vous attendez pas à voir des originaux, ici sont amoncelées de nombreuses copies en plâtre, vous ne saurez où donner de la tête !

De 1818 à 1967 cet espace créatif a accueilli quatre générations de sculpteurs, appartenant à la famille Tadolini. En ces murs, la mémoire de deux siècles de sculpture est préservée : modèles préparatoires d’œuvres conservées dans le monde entier, sculptures en marbre et bronze, exercices anatomiques, outils de sculpteur conservés au gré du hasard ou selon le désordre qui y régnait.

Après 35 ans de fermeture, lors de la restauration en 2003, la volonté fut de garder une atmosphère intacte tout en respectant les couleurs, les matériaux et la juxtaposition désinvolte des œuvres : rare et précieux témoignage de ce type d’atelier.

La collection ne suit pas un critère de catalogage, mais combine des exemples de l’art intemporel à la fois de Canova et des Tadolini.

Vous trouverez différentes salles dédiées à la recherche anatomique et aux descendants d’Adam Tadolini. Vous pourrez déambuler à travers des œuvres d’esprit romantique ou plus académiques de son fils Scipione (1822–1892) ou de son petit-fils Giulio (1849–1918), aux œuvres à caractère plus intimiste d’Enrico (1884 – 1967) : de l’élégance de la grâce néoclassique à la dimension bourgeoise du XXe siècle grâce à cette exceptionnelle collection de sculptures. Giulio, dans la même tradition stylistique que la famille, réalisa le tombeau du roi Humbert Ier au Panthéon et celui du pape Léon XIII dans la basilique Saint-Jean de Latran.

canova-via del babuino

 A ne pas manquer le Génie de l’aviation, que Giulio présenta à l’Exposition universelle de Rome en 1911. Vous aurez ici une idée de l’état de l’atelier encore en activité en 1941, pendant la période où travaillait Enrico Tadolini, arrière-petit-fils du protégé de Canova.